particules
Ensemble de 75 eaux-fortes, impression en gris
de Payne sur BFK Rives 250g, 2018
Projet de diplôme, l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris), félicitations
du jury
Ensemble of 75 etching, printed with Payne's grey on BFK Rives 250g, 2018
Diploma project, École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris), with honours
particules est né de quelques mois de solitude à Kyoto, pendant lesquels j’ai pu
m’immerger dans un autre quotidien. Ponctuée de longues marches, cette période
était propice à l’observation. Du fait de ne pas avoir accès au langage, j’ai été amenée
à aiguiser mon regard pour comprendre le sens du monde dans lequel j’arrivais.
« La langue inconnue, dont je saisis pourtant la respiration, l’aération émotive,
en un mot la pure signifiance, forme autour de moi, au fur et à mesure
que je me déplace, un léger vertige, m’entraîne dans son vide artificiel,
qui ne s’accomplit que pour moi : je vis dans l’interstice, débarrassé de tout sens plein. [ ... ] Or il se trouve que dans ce pays (le Japon), l’empire des signifiants est si vaste,
il excède à tel point la parole, que l’échange des signes reste d’une richesse,
d’une mobilité, d’une subtilité fascinantes en dépit de l’opacité de la langue,
parfois même grâce à cette opacité. [ ... ] Fixer un rendez-vous (par gestes, dessins, noms propres) prend sans doute une heure, mais pendant cette heure,
pour un message qui se fût aboli en un instant s’il eût été parlé (tout à la fois essentiel et insignifiant), c’est tout le corps de l’autre qui a été connu, goûté, reçu et qui a dé
ployé (sans fin véritable) son propre récit, son propre texte ». Roland Barthes,
« Sans paroles », in L’empire des signes
Avec surprise, j’ai senti que j’étais étrangement familière à l’atmosphère de Kyoto. C’est en observant des habitudes qui appartiennent au quotidien le plus trivial,
des petits gestes impensés, ou en arrêtant mon regard sur certains objets,
que j’ai compris la proximité avec le lieu où j’ai grandi, chez mes grands-parents
en France. Les points de rencontre entre mes souvenirs d’enfance et mon expérience
à Kyoto étaient multiples: l’atmosphère silencieuse, le respect du temps propre
à chaque chose, le soin apporté à l’autre, l’attention au détail, l’omniprésence
de la nature...